VIELZEUF Aimé

Né aux Salles-du-Gardon le 24 avril 1922 ; mort à Nîmes (Gard) le 24 mai 2007 ; professeur, résistant, historien et écrivain.

Aimé Vielzeuf est né aux Salles-du-Gardon le 24 avril 1922. Il descend d’une famille lozérienne protestante qui a compté parmi ses membres Pierre Vieljeu, de Nojaret, paroisse de Castagnoles condamné aux galères pour fait de religion en mai 1690. La famille a ensuite cédé à l’attraction du bassin minier. Le grand père d’Aimé Vielzeuf, mineur, est chassé de son emploi après la grève de 1896, son père, né en 1884 devient mineur de fond, puis est grièvement blessé à Verdun. Il sera membre de la première municipalité de gauche à La Grand’ Combe, en 1924. Aimé Vielzeuf lui-même est marqué par le Front populaire, adhère à 14 ans aux jeunesses socialistes, s’enthousiasme pour l’Espagne républicaine. Influencé par Giono, il est alors pacifiste, mais aussi antifasciste. Après ses études primaires, Aimé Vielzeuf entre comme boursier au cours complémentaire de la Grand’ Combe, est reçu à l’école normale de Nîmes (1939) puis passe par l’institut de formation professionnelle. En octobre 1942, il est nommé instituteur stagiaire à Notre Dame de la Rouvière, non loin de Valleraugue, mais est presque immédiatement appelé aux chantiers de jeunesse dans les gorges de la Jonte (groupement 19 d’Aguessac-Meyrueis). Il est ensuite requis ensuite pour le STO qu’il ne peut éviter, malgré ses efforts. Il part le 27 juillet 1943 pour Vienne (ex-Autriche) où il travaille dans une usine Siemens.

Le 17 février 1944, grâce à un faux certificat, il rentre en France pour une permission, ne repart pas en Autriche, épouse le 28 février 1944, Andrée Pourret, institutrice, née le 30 janvier 1923 et se fait embaucher à la mine en mars 1944. Il devient alors membre d’un sous-groupe de l’ORA (Organisation de Résistance de l’Armée), constitué à La Grand Combe sous la direction du capitaine Sirven et auquel « se rattachent en février 1944, des réfractaires, des « permissionnaires défaillants » du STO, souvent anciens membres des jeunesses socialistes à La Grand Combe » (Ardente Cévenne, p. 175).Ce groupe devait rejoindre un des maquis prévus par l’ORA dans l’Est du Gard, mais l’arrestation d’un dirigeant local de l’ORA le lieutenant Sailly, empêche ce mouvement. Le groupe rejoint alors le maquis FTPF à Champdomergue, Lozère. Devenu lieutenant Vasseur, A.Vielzeuf est adjoint au commandant de la 7204e compagnie FTPF, plus tard 7206e compagnie de la R2 FTPF Gard-Lozère. Après des quelques actions armées dans le Nord-Est d’Alès et la région de Saint-Ambroix, puis la Libération d’Alès, il s’engage pour la durée de la guerre et devient après la Libération, d’octobre 1944 à janvier 1946, chef du Service historique de la subdivision militaire de Nîmes. Il fut aussi à partir d’octobre 1945 le dernier « officier liquidateur des F.F.I. du Gard ».

Démobilisé en janvier 1946, il reprend un poste d’instituteur puis professeur de collège à la Grand Combe et à Nîmes (collège du Mont Duplan, puis C.E.S Feuchères), où il enseigne les lettres et l’histoire. En 1965, il est choisi pour être correspondant gardois du comité d’Histoire de la deuxième guerre mondiale et le restera pendant quinze ans. Peu après la fin de la guerre, il est amené à écrire avec René Maruéjol, chef de cabinet du préfet à la Libération, alors âgé de 46 ans, un premier ouvrage Le Maquis Bir Hakeim, qui paraît en 1947 et déclenche peut-être sa vocation de chroniqueur de la Résistance gardoise. Après le décès de R.Maruéjol en 1955, Aimé Vielzeuf poursuit cette tâche et publiera de nombreux ouvrages, pour la plupart consacrés à la Résistance gardoise, soit à compte d’auteur, soit chez divers éditeurs. Il anime par ailleurs le concours de la Résistance et de la déportation qui a lieu chaque année dans les établissements scolaires. Il s’efforce aussi, avec les organisations de résistants de promouvoir la création d’un Musée de la résistance dans le Gard, création encore en attente Non membre d’un parti, il gardera toujours des sympathies de gauche et en 1995 figurera sur la liste d’union de la gauche, dirigée par A.Clary, pour les élections municipales. Sa notoriété lui vaut de devenir correspondant de l’Académie de Nîmes en 1969, puis membre résidant de cette même Académie en 1973 (il devient membre honoraire en 2002). Par ailleurs, il est chroniqueur de 1978 à 1988 à la rubrique Arts et Spectacles du journal Midi libre (dont il fut administrateur) ainsi qu’à Camariguo Magazine. Il fut aussi membre de plusieurs jurys littéraires locaux.

L’œuvre historique et littéraire d’Aimé Vielzeuf est abondante. Elle comprend plusieurs sortes d’ouvrages. D’abord une série de chroniques de la Résistance gardoise - car A.Vielzeuf se disait, avec modestie, chroniqueur et non historien - écrites avec un très grand souci de rigueur dans la documentation et grâce à la confrontation de sources diverses : Et la Cévenne s’embrasa (1965),On les appelait les Bandits (1967), Au temps des longues nuits(1969), Demain du sang noir (1970), Ardente Cévenne (1973), Compagnons de la Liberté (1975), Épopée en Cévenne (1976), Terreur en Cévenne (1983), Bloc notes 44 : Dans le Gard en attendant la liberté (1994) ainsi que trois biographies de résistants, celles de Marceau (Marcel Bonnafoux) (1993) de Marceau Lapierre (1993) et de Charles Savert (1993). D’autres ouvrages ont un caractère plus synthétique et visent à donner un aperçu plus global de la résistance gardoise : La résistance dans le Gard (1940-44) (1979), Quand le Gard résistait (avec P. Mazier, 3 vol, 1996 à 1998), Les lieux de mémoire de la Seconde guerre mondiale dans le département du Gard (avec J. Castan, 1982).Enfin une troisième série d’ouvrages portent sur d’autres sujets gardois, principalement cévenols, Ladrecht, pour vivre ici (1985), Hier en Cévenne (1988), La Grand’ Combe en Cévenne, jadis canton des gueules noires (avec C. Paczkowski, 1989), La Grand’ Combe en Cévenne, mines et mineurs du canton, hier, aujourd’hui, demain (avec C. Paczkowski et J.Vigne,1991), Conteurs et poètes cévenols d’aujourd’hui ( t. 1 1981, t. II 1987), La corrida politique et populaire dans le Gard (entretiens avec H. Gaillard, 1990). Avec R. Évrard, A. Vielzeuf s’est également essayé au roman : Comme le scorpion sous la lauze (1981). A.Vielzeuf est décédé à Nîmes, le 24 mai 2007.

SOURCES : Archives privées, Brève note sur ma participation à la résistance, 10 p. (lettre à R. Bourderon, 15 juillet 1973), journal d’un maquisard 33 p. dactylographiées (Fonds R. Bourderon). — Aimé Vielzeuf (1922-2007) « Vasseur » Itinéraire d’un résistant, Historien, chroniqueur de la Résistance cévenole par C. Émerique, F. Chirat, F. Sugier, CDRom de la résistance dans le Gard, (en préparation). — Auteurs et traducteurs en Languedoc-Roussillon, Centre régional des lettres juin 2001, p 328-329. — Bulletin trimestriel des Séances de l’Académie de Nîmes 3e et 4e trimestres 1973, p. 148-152 (réception par le professeur Brunel). — Bulletin trimestriel des séances de l’Académie de Nîmes, année 2004, (éloge d’A. Vielzeuf par M. Bernard Mounier), p. 12-21. — A. Vielzeuf, Ardente Cévenne, 1973, p. 171 à 175 et 309. — F.Marcot (dir.) Dictionnaire historique de la résistance, Laffont, 2007, 1187 p, [p. 1072-1074]. — René Maruejol et Aimé Vielzeuf, Le maquis Bir Hakeim, notamment la préface d’Yves Doumergue (1947). — P. Mazier, Aimé Vielzeuf, La Cévenne est en lui, Nîmes, Lacour, 2000, 120 p. — Calade, février 1984, n° 46 (C. Liger). — La Marseillaise, 7 juillet 1996, 1er juin 2007 (Marie-Jo Latorre). — Midi libre, 19 juillet 1996, 1er octobre 1997 et 30 mai 2007 (article non signé). — État civil Nîmes (décès). — Renseignements communiqués par Christiane Lassalle, Jacqueline Vigne, F. Chirat, C. Émerique, Armand Cosson, Patrick Vazeilles.

Raymond Huard