ASCENSIO Gabriel [ASENCIO, forme parfois écrite]

Né le 15 avril 1923 à Sète (Hérault), exécuté le 29 mai 1944 à Badaroux (Lozère) ; résistant (FTPF, AGE, AS) du Gard et de la Lozère.


Le patronyme, d’origine espagnole, devrait normalement être orthographié "Asencio". À l’état civil, il est transformé en ‘‘Ascensio". La famille de Gabriel Ascensio, d’origine espagnole, était installée en Languedoc. Le père, Gabriel Ascencio était journalier, et la mère, Maria Perez, sans profession.

À partir du début de l’année 1939, il fut très vite confronté aux problèmes posés aux étrangers. Ne faisant pas partie de la vague migratoire espagnole correspondant aux réfugiés de la guerre civile, il ne fut pas soumis aux camps de rassemblement sur les plages pyrénéennes ni aux groupements de travailleurs étrangers (GTE).   Dès l’été 1940, avec l’avènement du régime de Vichy, il ne cacha pas ses sentiments républicains. Il rejoignit les vallées cévenoles lozériennes où des maquis FTPF s’organisaient en 1943. En entrant dans la clandestinité, il prit comme pseudonyme Gilbert. Selon son frère, Joseph, Gabriel Ascencio fit partie du camp FTPF n° 1 de Saint-Frézal-deVentalon. En fait ce camp FTPF était installé au Crespin, commune de Saint-Frézal-de-Ventalon (Lozère) et portait le nom de Camp n° 2. Il semble qu’il a intégré ce groupe par le réseau espagnol car, à la fin de 1943, les différentes structures d’entraide organisées par les réfugiés républicains espagnols des Cévennes se rassemblèrent dans une organisation militaire, l’Agrupación de guerrilleros españoles (AGE), affiliée à l’Union nationale espagnole (UNE). Les différentes brigades de Guérilleros espagnols combattirent en accord avec des maquis FTPF. Arrêté et emprisonné à Nîmes (Gard) pour propagande contre le régime de Vichy et les troupes allemandes, Gabriel Ascencio fut libéré, dans la nuit du 4 au 5 février 1944, par un commando FTPF du maquis des Bouzèdes (Cévennes lozériennes). Comme les 26 prisonniers libérés lors de cette opération, il fut amené au camp FTPF des Bouzèdes après un long et pénible voyage (130 kilomètres en six nuits de marche). Avec ce maquis, il participa aux sabotages d’usines travaillant pour l’occupant. Il rejoignit la 21e brigade des guérilleros espagnols (AGE) le 4 mars 1944. Au début du mois de mai 1944, l’état-major de la 21e brigade de l’AGE décida de mettre à disposition de Jean Capel, alias " commandant Barot"*, chef du maquis AS Bir Hakeim et de François Rouan, alias "Montaigne", vingt-six guérilleros. Ces hommes rejoignirent le maquis Bir Hakeim au château de Fons (commune de Bassurels, Lozère) le 18 mai 1944 au soir. Gabriel Ascencio faisait partie de ce groupe. Il partit sur le Mont Aigoual se cacher à l’hôtel du Fangas (Gard). Dans la nuit du 25 au 26 mai, il quitta cet hôtel pour La Parade (Lozère) et participa au combat de La Parade le 28 mai 1944. Grièvement blessé au bras gauche. Il fit partie du groupe des vingt-sept maquisards, qui décidèrent de se rendre à seize heures, avec la promesse faite par l’officier allemand qu’ils seraient considérés comme des prisonniers de guerre. Très affaibli par sa blessure, il demanda aux soldats arméniens qui le surveillaient de l’achever. Conduit à Mende (Lozère), dans les camions de la Légion arménienne, il fut livré à la police allemande. Malgré sa grave blessure, il subit les tortures d’un interrogatoire dans les caves de la maison Lyonnet à Mende. Avec 26 de ses camarades de combat, il fut fusillé le lundi 29 mai, au matin, dans le ravin de La Tourette à proximité de Badaroux (Lozère). Son corps fut inhumé à côté du cimetière de Badaroux. Son acte de décès dressé le 4 février 1946, porte en marge la mention "Mort pour la France".
SOURCES : DAVCC, Caen. — L’Association Départementale des Anciens de la Résistance, La Résistance en Lozère, CD-ROM, AERI, 2006. — Amicale des Anciens guérilleros, Guérilleros en terre de France, Les Républicains espagnols dans la Résistance française, Paris, Le temps des cerises, 2004. — Gérard Bouladou, Les maquis du Massif Central méridional 1943-1944 (Ardèche, Aude, Aveyron, Gard, Hérault, Lozère, Tarn), Nîmes, Lacour, 2006, 617 p. [pp. 355-356]. — Aimé Vielzeuf*, Bloc-notes 44 (Dans le Gard, en attendant la liberté), Nîmes, Lacour, 1994, 150 + XXXII p. (pp.15-17]. — Aimé Vielzeuf*, On les appelait "les bandits", Nîmes, Lacour, 2002, 382 p. [en particulier le chapitre 2, "Du maquis des Bouzèdes au Fort Vauban à Nîmes (ou l’affaire de la maison centrale) 4 février 1944", 87-149, allusions à Ascensio et p. 375]. — Notes d’André Balent. — État civil.

Jean-Pierre BESSE