ARCAS Fernand.

Né le 25 janvier 1920 à Maraussan ( Hérault ). Résistant ( pseudo : Arnal ). Ouvrier agricole puis ouvrier métallurgiste. Militant communiste dans l'Hérault ; membre du Bureau fédéral. Responsable syndical CGT aux usines Fouga à Béziers. Mort en octobre 1999.

Fernand Arcas était le fils d'immigrés espagnols originaires de la région catalane de Lérida, installés en France, à Maraussan (Hérault) pendant la première guerre mondiale. Ses parents, nés tous deux en 1886, étaient des ouvriers agricoles de Sant Cugat, sympathisants de gauche mais non militants qui avaient gardé des contacts étroits avec leur famille espagnole. Fernand Arcas fut placé à 13 ans comme apprenti coiffeur. Il ne possédait aucun diplôme. A 14 ans, après avoir assisté à Béziers au défilé du 12 février 1934, il se rapprocha des Jeunesses Communistes et vendit L'Avant-Garde jusqu'en 1936. En 1937, il tenta de gagner l'Espagne pour s'engager aux côtés des Républicains mais il fut arrêté à la frontière par des gendarmes et dut regagner Maraussan où il vécut de travaux agricoles à forfait jusqu'à sa mobilisation le 8 janvier 1940 au dépôt de Narbonne. Il fut démobilisé en août 1940. Envoyé aux Chantiers de Jeunesse près de Formiguères dans les Pyrénées-Orientales, il en fut libéré le 31 janvier 1941. De retour à Maraussan, il y eut son premier contact avec la résistance pendant l'hiver 1941-1942 grâce à un ami, ouvrier chez Fouga. Son comportement dans la résistance allait être une des composantes les plus remarquables de son engagement. Il entra dans un petit groupe de résistants de Béziers, membres de la CGT clandestine. L'un d'eux était Jacques Garrigues (voir ce nom). En 1943, ce petit groupe fut désorganisé par les arrestations. Jacques Garrigues, arrêté le 7 septembre, fut déporté. Fernand Arcas fut contacté par Francis Jouvin, dit Cabrol, de l'A.S. qui l'incita à former un groupe à Maraussan. Il devint responsable de quatre villages héraultais : Maraussan, Cazouls, Puisserguier et Maureilhan. De février à août 1944, il fut désigné comme adjoint du chef départemental du Plan Vert et, du 1er avril au 31 août, comme chef des équipes de Corps Francs de Maraussan et de Cazouls lès Béziers. Ce fut une période d'activité intense. Fernand Arcas se distinguait par son audace et son courage. Les principales actions qu'il assuma furent des transports d'armes, des sabotages de pylônes, de voies ferrées, de caténaires, des attaques de convois ferroviaires. Il participa aux combats des 22 et 23 août près de Béziers, au Capiscol. Après la libération, le 14 septembre 1944 il s'engageait dans la Brigade légère du Languedoc avec le grade de sous-lieutenant. Incorporé à partir de janvier 1945 dans le 80° Régiment d'Infanterie, il participa aux campagnes en Alsace et en Allemagne ( rétrogradé comme sergent à dater du 1er juin 1945). Il reçut la croix de guerre avec étoile d'argent en octobre 1945. Après la guerre, il fut de façon continue un militant politique et syndical : - politique, puisqu'il adhéra au Parti communiste à la fin de 1945 et fut délégué de l'Hérault en juin 1947 au Congrès national du Parti communiste à Strasbourg ; - syndical, car son entrée aux usines Fouga de Béziers en 1946 lui offrit un nouveau terrain d'action. C'est aux Etablissements Fouga , la plus grosse entreprise de la région jusqu'en 1954, qu'Albert Solié avait milité comme responsable CGT des métallurgistes avant la guerre, et que l'esprit de résistance s'était manifesté le plus fortement jusqu'à la libération. On y fabriquait du matériel roulant pour les chemins de fer. La CGT y avait plus de 800 adhérents et l'entreprise comptait 13 cellules communistes. Fernand Arcas y exerça plusieurs responsabilités, comme responsable politique et comme secrétaire syndical pour les ouvriers métallurgistes ; il était délégué au Comité d'entreprise. Il fut appelé à fréquenter l'Ecole centrale de son parti, à Viroflay, pendant 4 mois à la fin de 1949. Engagé dans le Mouvement de la Paix, il participait aux actions contre la guerre d'Indochine. En octobre 1950, il organisa, sur le chantier nord, le sabotage de matériels fabriqués par Fouga avant qu'ils pussent être expédiés à Marseille et échappa de peu à des poursuites, grâce au soutien unanime des ouvriers et à sa réputation de résistant. En 1957, il fut élu représentant syndical au Conseil d'administration de la Caisse primaire de Sécurité sociale de Béziers-St Pons. Pendant la grave crise qui atteignit Fouga en 1958, il participa au comité de défense et soutint l'unité syndicale, en acceptant d'y représenter la CGT, FO, et la CFTC. Il participa à des délégations qui sollicitèrent les pouvoirs publics, jusqu'au niveau du gouvernement. Après une interruption des activités et une menace de fermeture définitive, il y eut une reprise partielle mais Fernand Arcas ne fut pas rappelé. Il en fut de même pour Germaine Serramagna ( voir ce nom) qui avait milité comme lui au comité de défense. Son activité s'exerça également en dehors des usines Fouga et toujours avec le soutien de son entourage familial. Il avait épousé en mai 1947 une militante UFF, membre du PC, fille de républicains espagnols arrivés en 1939 dont il eut sept enfants et qui mourut en 1974. Elle l'avait toujours approuvé dans ses activités militantes. Ils habitaient Maraussan où il était secrétaire de la section communiste. Il devint membre du comité fédéral en 1953 quand Michel Schuwer fut placé à la tête de la Fédération, puis membre du bureau fédéral à l'époque où Paul Balmigère devint secrétaire fédéral, en 1966. Il cessa d'appartenir au Parti communiste en 1968, mais sans rupture avec les convictions qui avaient provoqué son adhésion. Ses actions syndicales étant connues, il lui avait été difficile, après avoir perdu son emploi à Fouga, de retrouver du travail à Béziers : c'est grâce aux relations nouées dans la résistance et aussi aux besoins que créait un rapide développement urbain qu'il put traverser des années difficiles et travailler sur divers chantiers. Il suivit une formation pour obtenir un CAP de plombier et, de 1967 à 1982, il devint un petit artisan indépendant. Il resta jusqu'à sa mort le secrétaire syndical des métallos retraités de Fouga.

SOURCES :

Entretiens avec Fernand Arcas le 15 mars et le 7 avril 1999 - Archives privées de Fernand Arcas - G.Martzel, Fouga...son histoire. 1945-1950, Bourse du Travail de Béziers, 1994 - Presse : Le Travailleur du Languedoc, du 23 au 26 octobre 1950 - Le Midi Libre , 16 août 1994 - La Marseillaise, 14 août 1996 et 22 août 1997.

Hélène CHAUBIN